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les morts des autres, mais pas les leurs pour une raison quelconque.

Quand le soir fut venu, chacun de ceux qui voulait laisser son mort au tombeau envoya aux étrangers de grands plats remplis de nourriture de choix et de l’argent. Lorsque les voyageurs furent seuls, l’homme véridique fit des reproches au menteur sur ses mensonges, puisqu’il ne pouvait pas ressusciter un mort. L’autre ne fit que rire.

— Hier, dit-il, nous avons dû aller nous coucher avec la faim ; aujourd’hui, nous pourrions rassasier la ville entière avec les nombreux mets auxquels nous ne pouvons toucher.

Les gens attendirent le jour suivant avec curiosité. Lorsque tous furent réunis, le menteur se présenta et dit que, d’abord, il voulait ressusciter le roi défunt, car le roi était le premier dans le pays et la priorité lui revenait. Alors le roi régnant se leva : son prédécesseur avait régné longtemps ; tous les gens l’avaient aimé et lui souhaitaient le repos. Le défunt avait d’ailleurs dit lui-même qu’il désirait la mort ; l’étranger devait donc laisser le roi défunt dans son tombeau et ressusciter une autre personne.

— Vous avez entendu ce qu’a dit le roi, dit le menteur en s’adressant à l’assemblée ; quand le roi parle, il a toujours raison. Je laisserai le roi