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représentée en général comme de peu de cervelle, la tortue, malgré sa lourde enveloppe, triomphe des animaux plus grands et plus lestes. Faut-ll y voir une sorte de réhabilitation ayant pour point de départ l’opposition entre sa pesante masse et les moyens dont disposent ses adversaires, en apparence mieux doués ? Elle vient à bout du lièvre lui-même : elle trompe à la fois l’éléphant et l’hippopotame dans un conte yabakalaki (n° 152) ; l’éléphant, chez les Kondé (n° 108), le lion chez les Yao (n° 110) sont vaincus par elle à la course grâce à un artifice employé par le hérisson en discussion avec le chacal dans un conte berbère, et par l’écrevisse contre le loup dans un conte toscan : bien mieux, chez les Otyiherero, elle arrive à tuer l’éléphant (n° 135). Ce dernier, en effet, joue dans le folk-lore animal du centre et du sud de l’Afrique le sot rôle de Lion et même d’Ysengrin dans le roman de Renart, de l’ours dans les contes du nord. Nous venons de le voir victime du lièvre et de la tortue : il est encore vaincu par le coq chez les Dinka (n° 55), grâce au même tour qui, chez les Mambettou, sert