Page:Basset - Contes populaires d’Afrique, 1903.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui, d’abord, allaient la voir, la courtiser, ne reparurent plus chez elle. L’Afryt demanda le mariage ; le père de la fille y consentit, mais elle refusa. Elle resta longtemps célibataire. Personne n’osait la demander, pas même lui faire visite. Ainsi délaissée, elle passa presque l’âge de se marier. Néanmoins, elle repoussa opiniâtrement les sollicitations de son Afryt et refusa net de l’épouser. Elle en demeura là tant qu’il plut à Dieu.

Un jour qu’elle était allée au marché faire quelques emplettes, sa beauté frappa un inconnu qui subitement en devint épris. C’était d’ailleurs un homme d’audace et de sang ; le danger, la mort, rien ne l’intimidait. L’amour l’anime, l’échauffe ; il suit la jeune fille, attend qu’elle ait terminé ses affaires, et qu’elle soit hors du marché. Alors il l’accoste, lui demande la permission d’aller la voir, lui offre son amour et prodigue ses protestations de dévouement et de tendresse.

— Mon Dieu, répond-elle, je te trouve charmant et, en vérité, je me sens pour toi autant d’amour que tu peux en avoir, sinon plus. Mais, comme dit le proverbe, il y a un obstacle qui empêche l’âne de saillir.

— Comment cela ? Est-ce que tu es mariée ?

— Eh, non !

— Et qui donc te retient ?