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Son maître spirituel l’accueillit. Alors il demanda en pleurant au Seigneur de lui ouvrir l’esprit des livres anciens et nouveaux. Puis il fut fait diacre. À cette époque, il n’y avait pas de notation dans la liturgie. Le Seigneur envoya à Iâred trois oiseaux du paradis terrestre qui conversèrent avec lui dans la langue des hommes et l’enlevèrent avec eux vers la Jérusalem céleste où 21 prêtres des cieux lui apprirent les modes de musique. Lorsqu’il revint à lui, il alla dans la sainte église métropolitaine d’Aksoum vers la troisième heure et cria :

— Alléluia au Père ! alléluia au Fils ! alléluia au Saint-Esprit ! Il a créé le ciel comme la première Sion ; il a apparu à Moïse pour qu’il lui construisît le tabernacle.

Il appela ce mode musical Aryam. Au bruit de sa voix, le roi et la reine accoururent avec l’évêque, les prêtres et les grands et demeurèrent là à l’écouter. Il disposa les cantiques selon les saisons, d’une année à l’autre : ceux du printemps, de l’hiver, de l’été et de l’automne, d’après les fêtes et les dimanches ; ceux des anges, des prophètes, des martyrs et des justes, d’après trois modes qui sont le ghëéz, le ëzél et l’arârâi. Il ne dépassa pas les trois modes correspondant aux paroles des hommes, aux chants des oiseaux, aux cris des animaux. Lorsque Iâred chanta, il