Page:Basset - Contes populaires d’Afrique, 1903.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XIV. — GHEEZ[1]

44

LA VISION DE SAINT IÂRED[2]


En ce jour, le 2 de ghënbot, s’endormit dans le Seigneur Iâàred le musicien, pareil aux séraphins. Il était des parents d’Abbâ Gédéon, un des prêtres de l’église métropolitaine d’Aksoum. Comme Abbâ Gédéon avait commencé à apprendre les Psaumes de David au bienheureux Iâred, celui-ci ne pouvait les retenir longtemps. Son maître le frappant et le tourmentant, il s’enfuit dans le désert, s’assit à l’ombre d’un arbre et vit un ver qui montait sur l’arbre. Quand il était arrivé à la moitié, il tombait à terre. Il recommença souvent et arriva, non sans peine, au haut de l’arbre. Iâred, ayant vu le zèle du ver, se repentit en lui-même, revint vers son maître et lui dit :

— Pardonne-moi, ô mon maître ! fais-moi ce que tu voudras.

  1. Le gheez, aujourd’hui éteint, est demeuré la langue liturgique et savante de l’Éthiopie.
  2. Dillmann, Chrestomatia æthiopica. Leipzig, Weigel, 1876, in-8, p. 34.