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Il les regarda et leur dit :

— Vous trois, quelle est votre affaire ?

— Seigneur, répondirent-ils, notre père a dit en mourant : Moh’ammed héritera, Moh’ammed héritera et Moh’ammed n’héritera pas. Nous ne savons pas lequel ; nous nous appelons tous les trois Moh’ammed.

Il leur dit :

— Vous passerez cette nuit chez moi comme mes hôtes ; demain, je déciderai votre affaire.

Il les fit monter à l’étage supérieur, appela son berger et lui dit :

— Va leur égorger un agneau.

Il égorgea un agneau, le dépouilla et le porta à la maison pour le faire cuire. On leur apporta le souper. Ils se mirent à manger. Le qâdhi se tint derrière la porte de la chambre à écouter ce qu’ils disaient. L’un d’eux dit :

— Cette viande est de la viande de chien.

Le second ajouta :

— Celle qui a fait cuire le souper avait ses règles.

Le troisième conclut :

— Le qâdhi est un bâtard.

— Non, mon cher, ne dis pas que le qâdhi est un bâtard. D’où le sais-tu ?

— Celui qui fait apporter le diner et ne mange pas avec ses hôtes est un bâtard.