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— Bien, ajouta le lion.

Il s’en alla trouver l’antilope.

— Pourquoi donc es-tu partie ? lui demanda-t-il.

— Je suis partie parce que la hyène s’est élancée pour me tuer.

— Mais comme tu es naïve ! la hyène s’est élancée de sa place pour te faire honneur, mais non, pour te tuer, répliqua le chacal.

— Oui dà ! dit l’antilope, et elle partit avec lui ; tous deux arrivèrent vers la société. Lorsqu’elle entra, le lion s’élança sur elle, la tua et ils la dépouillèrent. Le chacal enleva le cœur dans la chair de l’antilope : on partagea la viande, on chercha le cœur, on ne le trouva pas.

— Où donc est le cœur ? demanda le lion.

— Mon oncle, dit le chacal, est-ce que l’antilope, après avoir échappé une fois, aurait été assez sotte pour revenir, si elle avait eu un cœur ?

— Oui, certes, elle n’aurait pas été assez sotte une seconde fois, dit la société.

Le chacal réussit à ceci : il dupa l’antilope, alla la chercher et la livra à la mort qu’elle avait évitée.