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ils avaient agi envers moi. Le cavalier que j’ai fait mourir avait ravi cette femme qui est la mienne et l’avait gardée captive ; Dieu très haut me l’a rendue. Voilà mon droit, et J’ai agi selon la justice, tandis que vous pensiez, d’après l’apparence des choses, que je me conduisais en tyran. »

Quand le peuple entendit ces paroles, il fut saisi d’étonnement et se prosterna jusqu’à terre. Son affection et son amour pour son prince augmentèrent ; il s’excusa près de lui et admira comment Dieu avait traité Abou-Sâber, le gratifiant d’un royaume en récompense de sa patience et de sa constance, l’élevant du fond d’un caveau sur le trône royal, précipitant un prince de son trône dans un caveau, enfin réunissant la femme et le mari. Celui-ci ajouta : « Voilà l’agréable fruit de la patience et aussi le fruit amer de la précipitation. Tout ce que l’homme fait de bien ou de mal lui retourne. »

« Ainsi, ô prince, termina le prisonnier, tu dois user de patience le plus possible, car c’est ainsi qu’agissent les hommes généreux ; c’est le meilleur appui qu’ils puissent trouver ; les rois ne se distinguent que par là. »

Quand Azâd-bakht entendit ces paroles,