auprès duquel coulait un fleuve. Le mari dit à sa femme : « Reste ici ; je vais entrer dans le village, et nous verrons s’il y a un endroit où nous puissions habiter. » Il la laissa auprès de l’eau et pénétra dans le bourg. Un cavalier arriva pour abreuver son cheval ; il aperçut la femme qui lui plut, et lui dit : « Lève-toi, monte près de moi, je t’épouserai et je te comblerai de biens. » — « Que Dieu prolonge ta vie, répondit-elle, j’ai un mari. » Mais il tira son sabre en criant : « Si tu ne m’obéis pas, je te tue. » Lorsqu’elle vit sa méchanceté, elle écrivit sur le sable avec son doigt : « Ô Abou-Sâber, tu as supporté avec constance qu’on t’enlevât ta fortune, tes enfants et ta femme qui t’était plus chère que tout le reste ; j’étais demeurée avec toi dans ton malheur pour voir à quoi te servirait ta patience. » Puis le cavalier l’enleva, la fit monter derrière lui et partit.
À son retour, le Dihqân ne vit plus son épouse ; mais, ayant lu ce qu’elle avait écrit, il se mit à pleurer plein de tristesse. « AbouSâber, se dit-il, il faut prendre patience ; peut-être il aurait pu t’arriver quelque chose de plus fâcheux et de plus pénible. » Puis il