des envieux du Dihqân ; il alla tout rapporter au sulthân qui envoya piller tous les biens d’Abou-SAber et le chassa, lui et sa femme, de ce bourg.
Ils s’en allèrent à travers le pays. « Tout ce qui est arrivé, lui dit son épouse, vient de ta lenteur à agir et de ta faiblesse d’esprit. »
« Patience, répondit-il ; la patience a d’excellents résultats. »
Ils marchaient depuis quelque temps lorsqu’ils furent rencontrés par des voleurs qui les dépouillèrent de leurs vêtements et enlevèrent leurs deux enfants. La femme se mit à pleurer en disant : « Ô mon mari, laisse ces sottises ; lève-toi, suivons ces brigands ; peut-être auront-ils pitié de nous et nous rendront-ils nos enfants. »
« Patience, répliqua Abou-Sâber, celui qui fait le mal recevra du mal par rémunération : son injustice retombera sur lui. Si je suis ces gens-là, peut-être l’un d’eux prendra son sabre et me tranchera la tête ; mais patience ; la patience a d’excellents résultats. »
Ils marchèrent jusqu’à ce qu’ils arrivèrent dans les environs d’un village du Kermân22