était arrivé avec des marchandises qui plaisaient aux femmes, le fit venir et asseoir devant lui. Aucun ne reconnaissait l’autre : toutefois leur sang était ému. Le prince dit au marchand : « Je désire que tu restes auprès de moi : tu occuperas un rang élevé et je te donnerai tout ce que tu demanderas. » L’autre accepta et demeura près de lui pendant quelques jours. Quand il vit que son frère ne le laisserait pas repartir, il envoya dire à son père et à sa mère de venir le retrouver. Ils s’occupèrent de se transporter près de lui, tandis que le crédit de leur fils s’accroissait sans qu’aucun d’eux ne connût le lien de parenté qui les unissait.
Une nuit, le roi sortit de sa capitale : il but, s’enivra et s’endormit. Le favori se dit : « Je vais le garder moi-même, afin de reconnaître les bontés qu’il a eues pour moi. » Il se leva aussitôt, tira son sabre et se tint à la porte de la tente royale. Un des serviteurs qui le jalousait à cause de la faveur dont il jouissait, l’aperçut, debout, le sabre à la main et lui dit :
« Que fais-tu à cette heure dans cet endroit ? »
« Je veille sur le roi, répondit-il, en re-