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sant : « J’ai atteint le bonheur et je vivrai le reste de mes jours sous la protection royale, » il arriva qu’il trouva dans sa maison une fenêtre bouchée avec de l’argile et des pierres. Il la dégagea pour voir ce qu’il y avait derrière elle, c’était une lucarne donnant sur le harem royal. Aussitôt, saisi d’une grande crainte, il s’empressa d’apporter de l’argile pour boucher l’ouverture. Un des eunuques, l’ayant aperçu, alla en toute hâte prévenir le sulthân, qui, trouvant les pierres mal scellées, entra dans une violente colère et s’écria : « Est-ce ainsi que tu me récompenses de mes bienfaits en portant tes regards sur mon harem ? » Puis il ordonna de lui arracher les yeux, ce qui fut exécuté sur-le-champ. Le marchand prit ses yeux dans sa main et dit : « Quand donc ce destin fatal qui m’a persécuté dans ma fortune, sera-t-il en repos ? » Ensuite il se consola en ajoutant : « À quoi me servirait de lutter contre le mauvais destin : le Dieu clément ne me favorise pas ; la lutte est un péché15. »

C’est ainsi, ô roi, termina le jeune homme, que mon sort a d’abord été prospère et que toutes mes entreprises réussissaient. Mais à