Page:Basset - Contes arabes, 1883.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait appris à la princesse. À cette nouvelle, le roi déchira ses vêtements et fit comparaître le trésorier. On l’amena en sa présence, puis le bourreau fut mandé et tous les assistants regardèrent le condamné pour savoir ce que le prince allait faire de lui, car il lui parlait avec colère, l’autre avec douceur. Azâd-bakht lui dit :

« Je t’ai comblé de richesses parce que j’avais vu en toi de la probité : je t’ai choisi entre tous mes grands, et je t’ai établi gardien de mon trésor. Pourquoi as-tu déshonoré mon harem ? pourquoi es-tu entré dans mon appartement et as-tu été infidèle ? Pourquoi n’as-tu pas considéré les bons traitements que tu as reçus de moi ? »

« O roi, répondit le jeune homme, je n’ai pas agi ainsi de mon plein gré ni de ma pleine volonté ; je n’avais pas conscience d’être là où je me trouvais ; mais c’est pour mon malheur que j’y ai été conduit, car la fortune change et le bonheur s’anéantit. J’ai fait tous mes efforts pour qu’aucun vice n’apparût en moi et je me suis gardé de commettre aucune faute ; mais personne ne peut résister au destin contraire et les efforts sont inutiles quand la bonne chance n’existe