Au bout de quelque temps, le roi, reconnaissant en lui de l’instruction, de l’intelligence et beaucoup de savoir, s’en étonna, lui confia l’administration de son trésor et défendit qu’on n’en tirât rien sans la permission du trésorier. Les vizirs ne purent plus y puiser. Cela dura quelques années : Azâd-bakht ne voyait dans son favori que de la fidélité et du zèle ; tandis que le trésor était autrefois entre les mains des ministres qui en usaient à leur discrétion, ceux-ci en furent écartés dès qu’il passa sous l’autorité du favori, et le jeune homme devint plus cher qu’un fils au roi qui ne pouvait se passer de lui. À cette vue, les vizirs conçurent de la haine et songèrent à trouver un moyen qui pût écarter leur rival de l’œil du roi.
Lorsqu’arriva le moment fixé par le destin, il advint qu’un jour le trésorier but du vin et s’enivra. Ayant perdu sa route, il tourna dans le palais et le sort le conduisit dans le harem. Là était une chambre agréable où le roi dormait avec sa femme. Le jeune homme y entra et, trouvant un lit pour dormir, il s’y jeta, contempla avec admiration la richesse de l’ameublement à la lumière d’une bougie qui y brûlait et finit