oreilles du prince et, déplorant la perfidie de ses vizirs envers leur infortuné collègue, il se repentit vivement. »
Nous avons là, comme on le voit, une forme plus ancienne de ce conte que dans le Bakhtiar-Nameh. Peut-être l’auteur des « Quarante soirées », dont les Quarante vizirs ne sont que la traduction turke, était-il antérieur à l’époque où fut rédigée l’histoire des Dix vizirs. La version turke, soit qu’on doive l’attribuer à Cheïkh-Zadé, comme le disent Pétis de Lacroix et Behrnauer, ou que celui-ci soit l’auteur de la recension arabe, comme le prétend Belletête, fut faite sous le règne de Mourad (Amurat II, 1421-1451), fils de Mohammed Ier, fils de Bayézid Ier et père de Mohammed El Fatih (Mahomet II), le conquérant de Constantinople.
Dans la version persane, Ilân Châh a dix vizirs au lieu de trois. Lorsque Abou Témâm va demander pour son maître la main de la princesse du Turkistân, les épreuves qu’il a à subir sont moins longues. Le sulthân lui propose seulement de juger par lui-même de la beauté de sa fille, ce que l’ambassadeur refuse. Après qu’Abou Témâm a succombé, par suite des machinations de ces envieux, son cadavre est jeté dans une rivière. Ilân Chah apprend la vérité, non par les remords de ses pages, mais par leur dispute sur le partage de l’or mal acquis, comme dans le récit des Quarante vizirs.
Ce conte est placé dans la quatrième journée des Onze jours (Eilf Tage). Il remplit les nuits 466-471 de l’édition Habicht. C’est la neuvième histoire du manuscrit du British Museum, et la huitième des traductions d’Ouseley, Lescallier et Gauthier. Il forme la quatrième et la cinquième histoire des Onze jours (Die Eilf Tage).
45. Il s’agit, non de la Turquie actuelle, mais du Turkistân qui s’étendait au nord de la Perse, depuis la mer Caspienne jusqu’aux frontières de la Chine. C’est dans le