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Quant aux vizirs, en proie à la crainte, au silence, à la honte et à la terreur, leur perte était certaine. Le roi s’assit sur son trône avec son fils et les ministres devant lui, après avoir convoqué les grands et le peuple du royaume. Alors le jeune homme, s’adressant à ses ennemis, leur dit :

« Misérables, vous voyez l’œuvre de Dieu : le salut était proche. »

Ils ne purent répondre un mot. Azâd-Bakht reprit :

« Je veux qu’il n’y ait personne qui ne se réjouisse aujourd’hui, même les oiseaux du ciel : vos cœurs sont contristés et voilà la plus grande marque d’inimitié que vous m’ayez donnée. Si je vous avais écoutés, mes remords auraient été insupportables et, à la longue, je serais mort de douleur. »

Son fils répliqua : « Mon père, sans tes sages sentiments, ta perspicacité, ta prudence, ta temporisation dans les affaires, cette grande joie ne te serait pas arrivée : si tu t’étais hâté de me faire mourir, le repentir et le chagrin t’auraient accablé de plus en plus : celui qui agit avec précipitation en éprouve des regrets. »

Azâd-Bakht fit ensuite venir le chef des