Page:Basset - Contes arabes, 1883.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En entendant ces paroles, le roi demeura stupéfait et interdit, puis il reprit :

« Comment se fait-il qu’il soit ton fils ? Ton oncle m’a écrit que Behléwân l’avait égorgé. »

« Oui, dit-elle, il l’a égorgé, mais il ne lui a pas coupé les veines ; son aïeul a fait recoudre la blessure et l’a élevé, car sa dernière heure n’était pas encore venue. »

À ces mots, Qaïsar s’écria : « Cela me suffit » ; puis il se leva à l’instant au milieu de la nuit, fit venir le jeune homme et l’eunuque, examina avec une lumière le cou du premier et reconnut qu’il était fendu d’une oreille à l’autre ; la place avait été cicatrisée, mais l’on apercevait des traces de suture. Le prince se prosterna devant Dieu, admirant comme il avait sauvé Mélik-Châh de tous les périls et de tous les dangers qu’il avait courus ; il se réjouit ensuite d’avoir agi sans précipitation et de ne pas s’être hâté de le faire périr, sans quoi il aurait été en proie aux plus vifs regrets. Rien n’avait pu sauver le jeune homme, sinon que l’heure de sa mort n’était pas encore venue.

De même, ô roi, j’attendrai le moment suprême, quelque retardé qu’il soit, et j’accomplirai jusqu’au bout le laps de vie qui