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et charger de fer Mélik-Châh ainsi que l’eunuque et les jeta dans une prison de son palais. Ensuite il entra chez la reine et lui dit :

« Par Dieu, femme issue d’honnêtes parents, que les rois recherchaient à cause de ta bonne renommée et de tes bonnes mœurs, rien n’est plus beau que ton naturel. Que Dieu maudisse celle dont l’apparence est en contradiction avec l’intérieur ; celle qui est pareille à toi, dont la beauté est extérieure et la méchanceté cachée, toi dont le visage est beau et les actions honteuses ! Je veux faire de toi et de ce galant un exemple pour le peuple et la nation58. Tu n’as envoyé ton eunuque que pour ramener ce jeune homme, afin de l’aimer, de le faire entrer chez toi et de conspirer avec lui contre moi. Qu’est-ce que cela, sinon un odieux attentat ? Tu verras comme je vous traiterai tous les deux. »

Puis il lui cracha au visage et sortit.

Châh-Khatoun ne disait rien, car elle sentait qu’elle aurait beau parler en ce moment, il ne la croirait pas. Elle pria le Seigneur en ces termes : « Dieu très-haut, tu connais les choses secrètes, apparentes et intimes ; si le moment de notre perte est arrivé, ne le re-