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pût s’ouvrir à son mari. Elle était venue accompagnée d’un eunuque de Solaïmân-Châh, avec lequel elle se retira un jour à l’écart ; il était intelligent, prudent et sage. Elle se mit à pleurer et lui dit :

« Tu m’as servie depuis mon enfance jusqu’à aujourd’hui ; ne peux-tu découvrir des nouvelles de mon fils sur qui je dois me taire ? »

« Princesse, répondit-il, c’est un secret que tu as caché depuis le commencement ; quand même ce jeune homme serait ici, il ne te serait pas possible de l’entretenir sans découvrir au roi ton secret. L’on ne te croira jamais, après que le bruit s’est répandu que Behléwân a tué ton fils. »

« La chose est comme tu dis, répondit-elle ; ton langage est sensé ; mais, si tu apprends que mon fils est vivant, fais en sorte qu’il vienne de ce côté comme gardeur de troupeaux et tâche qu’il ne me voie pas et que je ne le voie pas. »

« Quel moyen emploierons-nous ? » demanda l’eunuque.

« Voici mon trésor et ma fortune, dit la reine, prends tout ce que tu voudras et amène-le moi ou, au moins, apporte-moi de ses nouvelles. »