entrèrent dans son âme. Mais il dissimula le feu qui couvait en lui pour la jeune fille et le trône. Châh-Khatoun devint enceinte et accoucha d’un fils beau comme la lune brillante54. À cette vue, la fureur et la jalousie triomphèrent de Behléwân ; une nuit, il entra dans le palais de son père, pénétra dans l’appartement de son frère ; la nourrice dormait devant la porte de la chambre et devant elle était le berceau où reposait l’enfant. Le meurtrier s’arrêta pour réfléchir, car le visage de son neveu resplendissait comme la lune ; mais Cheïthân (Satan) apparut dans son cœur et lui suggéra cette pensée : « Pourquoi cet enfant n’est-il pas à moi ? Ne méritais-je pas, plus que mon frère, la jeune fille et le royaume ? » Cette pensée l’emporta : il s’abandonna à la colère, tira un poignard, le mit sur le cou de l’enfant qu’il égorgea, sans toutefois lui couper les artères ; puis, le laissant pour mort, il entra dans la chambre où Mélik-Châh dormait à côté de sa femme. Il songea d’abord à tuer celle-ci, puis il se dit : « Je l’épargnerai pour moi » ; il alla vers son frère, l’assassina, lui trancha la tête et se retira. Non content de ces meurtres, il chercha l’endroit où était
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