« Malheur à nous ! à quoi nous servira cet or, puisque nous n’en pouvons rien acheter ni le dépenser ? Nous avons pris part au complot contre Abou-Témâm et nous l’avons fait mourir. » Le premier reprit : « Si nous avions su que notre maître le tuerait immédiatement, nous n’aurions pas agi de la sorte. »
En entendant ces paroles, Ilân-Châh ne put se contenir ; il s’élança sur eux en disant : « Misérables, qu’avez-vous fait ? Apprenez-le-moi ! »
« Grâce, ô prince, » s’écrièrent-ils.
Il reprit : « Vous obtiendrez votre pardon de Dieu et de moi, mais parlez sincèrement : la franchise seule peut vous sauver. »
« Ô roi, avouèrent-ils, les vizirs nous ont donné cet or et nous ont appris à calomnier Abou-Témâm afin que tu le fasses périr ; tout ce que nous t’avons répété sont des propos des ministres. »
À ces mots, Ilân-Châh saisit sa barbe qu’il faillit arracher et mordit ses doigts jusqu’à se les couper, tant il regrettait d’avoir agi avec précipitation et de n’avoir pas examiné l’affaire de son confident. Il fit venir les vizirs et leur dit : « Serviteurs méchants et menteurs, avez-vous cru que Dieu oublierait vo-