nous n’inventons pas une ruse contre cet homme, nous périrons de rage. » Ils réfléchirent à un stratagème qu’ils mirent à exécution. Ils allèrent trouver deux pages qui étaient à la tête du service du roi, car celui-ci ne dormait que sur leurs genoux et ils passaient la nuit à son chevet, seuls avec lui. Les ministres donnèrent à chacun mille dinars et leur dirent :
« Nous attendons de vous un service et nous vous prions d’accepter notre argent qui peut vous être utile dans vos besoins. »
Les pages répondirent : « Qu’attendez-vous de nous ? »
« Cet Abou-Témâm, repartirent les vizirs, a gâté notre situation ; si les choses durent ainsi, il nous écartera tous du roi. Voici ce que nous vous demandons : quand vous serez seuls avec Ilân-Châh et qu’il se couchera comme pour dormir, que l’un de vous dise à son compagnon : Abou-Témâm, que le roi a approché de sa personne et qu’il a élevé à un si haut rang, se conduit à son égard comme un criminel et un misérable. L’autre demandera : quel est son crime ? — Il a souillé le harem du roi, répondra le premier ; il prétend que le roi du Turkistân