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et le trouva rempli de têtes d’hommes. Le roi reprit : « Ce sont les têtes des ambassadeurs que j’ai fait tuer ; je les considérais comme infidèles à leurs maîtres, et, voyant un ambassadeur sans conscience, je pensais que celui qui l’envoyait devait en avoir fort peu lui-même, car l’ambassadeur est la langue de son prince et son tact vient du sien. Un pareil homme ne pouvait être mon gendre : aussi j’ai fait périr tous ces envoyés. Tu m’as vaincu et tu l’as emporté sur ma fille par ton adresse ; sois satisfait : la princesse est à ton souverain. » Puis il le renvoya avec des cadeaux et des présents ainsi qu’une réponse pour Ilân-Châh, conçue en ces termes : « Ta conduite te fait honneur ainsi qu’à ton messager. »

Lorsque Abou-Témâm revint vers son maître après avoir réussi dans sa mission, le prince se réjouit et continua de l’honorer et de lui témoigner la plus grande estime. Quelques jours après, le roi du Turkistân envoya sa fille qui épousa Ilân-Châh ; celui-ci en ressentit un bonheur extrême et l’importance de son favori s’accrut auprès de lui. À cette vue, la haine et les jalousies des vizirs augmentèrent et ils se dirent : « Si