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roi. » Chacun d’eux donna son avis. Le premier dit : Le sulthân des Turks45 a une fille qui n’a pas sa pareille au monde pour la beauté ; son père a fait périr tous les ambassadeurs chargés de la demander en mariage. Notre maître ignore ce fait ; allons le trouver ensemble, racontons-lui l’histoire de cette jeune fille et, si son cœur s’attache à elle, nous lui conseillerons d’envoyer Abou-Témâm pour demander sa main. Le sulthân des Turks le fera mourir, nous serons débarrassés d’un rival et nous serons satisfaits. »

Un jour, ils entrèrent chez Ilân-Châh ; le confident était présent ; ils parlèrent de la fille du roi des Turks, tirent d’elle un grand éloge, de telle sorte que le cœur du roi se trouva pris. Il leur dit : « Nous enverrons quelqu’un la demander, mais qui choisirons-nous ? » — « Personne autre qu’Abou-Timâm, répondirent les vizirs, à cause de son intelligence et de son instruction. » — « En effet, reprit le prince, il n’y a que lui qui en soit capable. » Puis, se tournant vers lui : « N’iras-tu pas porter ma demande ? » — « Entendre, c’est obéir, » dit-il. On le munit de provisions de route ; le roi lui donna des vêtements