ne détruis pas la foi qu’il a en toi, mais que ton intérieur réponde à ton extérieur. Ne songe qu’à ta femme et à ce qui t’est permis ; ce que tu ressens n’est qu’un désir charnel. » En entendant ces paroles, le ministre reconnut qu’elle était chaste de corps et d’âme ; il conçut un vif chagrin et craignit pour lui-même la colère du roi. « Je vais, pensa-t-il, inventer une ruse pour la faire périr ou bien pour la déshonorer aux yeux du prince. »
Lorsque celui-ci revint de son expédition, il interrogea son ministre sur les affaires de l’État. « Tout est en bonne situation, répondit Kardân, sauf une chose honteuse dont j’ai été informé et que je rougis d’apprendre au roi ; cependant, si je me tais, je crains qu’il n’en soit averti par un autre, et alors, j’aurai trahi la confiance et la foi qu’il a en moi. »
« Parle, lui dit Dâdbin, je te regarde uniquement comme un homme sincère, sûr, prudent en toutes tes paroles et à l’abri du soupçon. »
« Prince, reprit alors le vizir, il s’agit de cette femme à laquelle ton cœur s’est attaché et dont tu vantes la religion, les jeûnes