Page:Basile de Cesarée - Homélie contre les usuriers, 1853.djvu/6

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

normes progrès : le mal était incurable ; le remède proposé fut violent. Les livres de l’Ancien Testament sont remplis de sentences contre l’usure ; l’Évangile la condamne d’une manière tout aussi formelle. Appuyés sur la parole divine et sur les sentiments d’humanité et de charité, les Pères de l’Église proclamèrent impie quiconque, prêtant à un frère, exigeait de lui une redevance quelconque, soit en nature, soit en argent, et ils engagèrent contre l’usure une lutte ardente et implacable.

La veille du jour où saint Basile prononça son homélie, il avait expliqué aux fidèles le sens des paroles du psaume xiv ; mais, pressé par l’heure, il avait dû ajourner l’explication des deux derniers versets. David, dans ce psaume, fait le portrait du juste, et il termine ainsi : « Il ne donne point son argent à usure, et ne reçoit point de présents pour opprimer l’innocent. Quiconque pratique ces choses ne sera point ébranlé dans toute l’éternité. »

Il faut rapprocher de cette homélie celle de saint Grégoire de Nysse contre les usuriers. On lira également avec fruit le traité de Plutarque De vitando ære alieno.


I. La loi divine interdit toute espèce d’usure de la manière la plus formelle. Inhumanité du prêteur ; au lieu d’aider le pauvre de sa bourse, comme l’Écriture le lui commande, il lui rend plus pesant encore le joug de la pauvreté.

II. Humiliations et tourments du débiteur. Emprunter, ce n’est pas se débarrasser de la pauvreté ; après un court moment de bien-être, elle se fait sentir de nouveau, plus vive, plus pressante, et désormais sans espoir.

III. C’est folie d’emprunter quand on est riche, c’est folie encore d’emprunter quand on est pauvre. Le pauvre qui devient débiteur perd son insouciance et sa gaieté ; il n’a plus qu’une pensée, c’est qu’il doit, qu’il faudra rendre, et que les intérêts s’accumulent avec une effrayante rapidité.

IV. Mais le pauvre trouve rarement à emprunter, parce que le riche a peu le confiance en lui. Ceux qui empruntent, ce sont des hommes adonnés au luxe ou esclaves des caprices de leurs femmes.