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seconde, ceux-là se montrent fiers pendant quelque temps grâce au bien d’autrui, et finissent par pleurer la perte de leur propre fortune. Oh ! combien n’ont pas été perdus par l’argent des autres ! Combien, riches dans leurs songes, n’ont plus trouvé que la ruine au réveil !

Pourtant, me dit-on, bien des hommes font fortune avec l’argent qu’ils empruntent. Il y en a plus encore, je crois, qui mettent leur cou dans un lacet. Tu ne regardes que ceux qui se sont enrichis, mais tu ne comptes pas ceux qui se sont pendus, et qui, au jour de la réclamation, ne pouvant supporter la honte, ont mieux aimé périr par la corde que de vivre déshonorés. J’ai vu un douloureux spectacle, des enfants libres qu’on traînait au marché pour les dettes de leurs pères. Tu n’as pas de fortune à laisser à tes fils ? Ne leur ravis pas du moins les droits qu’ils tiennent de leur naissance. Conserve-leur ce seul bien, la liberté, dépôt que tu as reçu de tes parents. On ne reproche jamais à un enfant la pauvreté de son père ; mais la