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JOURNAL

toile de huit, la tête de mon squelette avec un livre, ou n’importe quoi, bien arrangé.


Lundi 25 mars. — Nous sommes au concours. Une femme qui ressemble un peu à Croizette.

J’ai une assez bonne place, et je crois que je suis en train. Je compte d’ailleurs ne pas me fatiguer en veillant tard.

Robert-Fleury est venu ce soir, il est très content de moi décidément ; il m’a questionnée sur l’anatomie, et naturellement j’ai répondu sans hésiter.

C’est odieux d’être comme moi ; mais je remercie Dieu d’être sage et de n’être amoureuse de personne.

Si je l’étais, je me tuerais de rage.


Samedi 30 mars. Je n’avais pas calculé que, de ma place, il me faudrait toujours tourner la tête pour voir le modèle. Ce manège m’énerve beaucoup, et mon concours est aussi mauvais que possible. Je suis convaincue d’être la dernière et je l’ai dit bien haut.

Les cours du soir sont finis, il faudra m’organiser un travail à la maison.


Jeudi 4 avril. — Je suis allée à l’atelier de bonne heure, j’ai appris le jugement qui est absolument insensé et qui a bouleversé tous les esprits.

Vick a la médaille (ceci est assez naturel). Puis vient Madeleine (celle qui a presque toujours la médaille) et puis moi. Je suis si surprise que je ne suis même pas contente.

C’était si surprenant que Julian est allé demander à Lefebvre (celui qui a été élu premier par le jury du Salon) pourquoi il nous avait ainsi placées. Et Lefebvre et les élèves d’en bas, ont dit qu’on m’avait placée