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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Dimanche 23 février. — Hier, nous sommes allés à Monaco. Ce que ce nid de cocottes est répugnant, je ne le dirai jamais assez. Je ne suis entrée que pour dix minutes dans les salles, mais cela m’a suffi, ne jouant pas. Mme Abaza, venue pour le théâtre, a exprimé son enthousiasme de me rencontrer. Nous ayons écouté un opéra-comique dans la nouvelle salle, qui est fort belle et du goût du jour.

Garnier fecit !

Je me promène à la nuit tombante et j’admire la mer et le ciel. Quelle couleur, quelle transparence, quelle pureté, quel parfum !


Lundi 24 février. — Je suis heureuse quand je puis me promener seule. Les vagues sont d’une beauté incomparable ; avant d’aller entendre la Patti, je suis allée les écouter. Il avait plu, il faisait une fraîcheur toute douce et adorable. Cela fait du bien aux yeux de regarder dans le bleu foncé du ciel et de la mer, la nuit. Je me suis tant promenée que je n’ai pas vu un morceau des promenades emporté par l’eau et suis tombée dans ce précipice d’un ou deux mètres de profondeur.


Paris. Lundi 3 mars. — Je suis partie hier à midi, il faisait un temps superbe et j’ai failli verser de vraies larmes en quittant ce délicieux et incomparable pays. De ma fenêtre, je voyais le jardin, la promenade des Anglais, l’élégance parisienne. Du corridor, je voyais la rue de France avec ses vieilles masures italiennes et ses ruelles aux clairs obscurs si pittoresques. Et. tous ces gens qui me connaissent : — C’est mademoiselle Marie, disent-ils quand je passe.

Autant les gens de Nice m’ont fait souffrir, autant