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1875


Nice.Jeudi 30 septembre. — Je descends dans mon laboratoire et, ô horreur ! toutes mes fioles, tous mes ballons, tous mes sels, tous mes cristaux, tous mes acides, tous mes tubes sont débouchés et entassés dans une sale caisse avec le plus grand désordre. Je me mets en fureur, m’assieds par terre et commence de finir de briser les choses qui l’étaient à moitié. Quant à ce qui est intact, je ne le touche pas, je ne m’oublie jamais.

— Ah ! vous avez cru que Marie est partie, donc elle est morte ! On peut tout casser, tout disperser ! criais-je en brisant toujours.

Ma tante au commencement se taisait, puis :

— Est-ce que c’est une jeune fille ? c’est un monstre, une horreur !

Au milieu de ma colère, je ne puis m’empêcher de sourire. Car cette affaire est tout à l’extérieur, elle n’est pas dans mon fond, et, en ce moment, j’ai le bonheur de toucher mon fond, donc je suis parfaitement tran-