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À LA MÉMOIRE DE MARIE BASHKIRTSEFF

(APRÈS LA LECTURE DE SON JOURNAL)


La mort n’est qu’un vain mot. La substance éternelle
De ceux que nous pleurons flotte éparse dans l’air ;
Son, couleur ou parfum, une forme nouvelle
Évoque à chaque instant l’être qui nous est cher.

Entre les hauts talus d’une châtaigneraie,
Ce matin, deux enfants se tenant par la main,
Et plus loin une fille assise sous la haie,
L’œil tourné vers la fuite ombreuse du chemin ;

Le ciel d’azur, la mer aux couleurs d’améthyste,
Les champs silencieux et la plage en émoi ;
Tout, ô Marie, ardente et merveilleuse artiste,
M’a rappelé ton œuvre et reparlé de toi.

Ton altière raison, ta grâce ensorcelante,
Ton esprit, sur lesquels un nimbe de beauté
Brillait comme la fleur au sommet de la plante,
Tout cela reste entier, par la mort respecté.