Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 1.pdf/399

Cette page n’a pas encore été corrigée
396
JOURNAL

quoil disait-elle ; il n’y a rien à venger. J’ai été heureuse, il m’a aimée.

« Et lorsque Marix se jeta à ses pieds et luijura d’étre un ami et un vengeur, elle se détourna avec horreur, avec dégoût.

« -— Mon amı ? dit-elle, et vous lui voulez du mal ? » Je comprends qu’on puisse en vouloir à mort à l’homme qu’on a aimé, mais pas à celui qu’on aime. Je n’aimerai jamais ainsi, si je ne trouve que ce que j’ai déjà vu. Je serais trop humiliée dans lui. Pensez donc ! logé au deuxième chez ses parents et je parie (d’après ce qu’on sait par Visconti) que sa mère ne lui donnait que deux fois par mois des draps blancs.

Mais voyez plutôt Balzac pour ces analyses au microscope, mes faibles efforts, mes malheureux efforts ne peuvent pas me faire comprendre. Jeudi 23 août. — Je suis à Schlangenbad ! Comment et pourquoi ? voici. Parce que je ne sais pas pourquoi je m’ennuie d’être séparée des autres et, puisqu’il faut souffrir, il vaut mieux souffrir ensemble. Ils se sont logés dans une espèce de pension à Schlangenbad, mais comme j’ai plus qu’assez de la pension de madame la baronne, je dis que je veux avoir des chambres au Badehaus, qui est ce qu’il y a de mieux ici.

Ma tante et moi, prenons deux chambres au Badehaus, pour mes bains ; c’est commode. Fauvel m’a ordonné le repos, le voici. Seulement, je ne me crois pas encore guérie et, dans les choses désagréables, je ne me trompe jamais. Bientôt j’aurai dix-huit ans. C’est peu pour les personnes qui en ont trente-cinq, mais c’est beaucoup