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JOURNAL

excursions, nous allons à San Martino. C’est un ancien couvent. Et je n’ai jamais rien vu d’aussi sympathique. Les musées glacent, celui de San Martino amuse et attire. L’ancien carrosse du syndic… et la galère de Charles III m’ont monté la tête. Et ces corridors aux planchers de mosaïque et ces plafonds aux moulures grandioses. L’église et les chapelles sont quelque chose de merveilleux, leur grandeur modérée permet d’apprécier les détails. Cet assemblage de marbres luisants, de pierres précieuses, de mosaïques, dans chaque coin, de haut en bas, au plafond comme sur le parquet. Je ne crois pas avoir vu beaucoup de toiles remarquables ; oui, celles de Guido Reni, du Spagnoletto. Les patientes euvres de Fra Buenaventura. Les anciennes porcelaines de Capo-di-Monte. Les portraits en soie et un tableau sur verre représentant l’épisode de la femme de Putiphar. La cour de marbrè blanc avec ses soixante colonnes est d’une rare beauté. Notre guide nous dit qu’il ne reste plus que cinq moines ; trois frères, et deux laiques qui demeurent quelque part en haut dans une aile abandonnée. On monte dans une sorte de tour avec deux balcons suspendus au-dessus des autres, hauteurs qui semblent des précipices ; la vue de là est belle à étourdir. On voit les montagnes, les villas, les plaines et Naples, à travers une sorte de brouillard bleu qui n’eșt rien autre que la distance. Que se passe-t-il done aujourd’hui à Naples ? disje en prêtant l’oreille. Mais rien, c’est le peuple napolitain, répondit en souriant le guide.

— C’est toujours ainsi ? — Toujours.

Il s’élevait de cet amas de toits une clameur, un