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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

proche d’une grande et belle ville, je suis prise de palpitations, d’inquiétudes, je voudrais prendre la ville pour moi.

Nous meltons plus d’une heure pour arriver à l’hôtel du Louvre. Un encombrement et surtout des cris et un désordre prodigieux.

Les femmes ont des têtes exorbitantes ici ; on dirait des femmes que l’on montre dans les ménageries avec les serpents, les tigres, etc. A Rome, je n’aime que ce qui est vieux. A Naples, il n’y a de joli que ce qui est neuf. Dimanche 11 février.

tuation’au milieu du Toledo, il faut savoir ce que c’est qu’un jour où l’on jette des coriandoli (confetti avec de la chaux ou de la farine). Ah ! mais, qui n’a pas vu ne peut pas s’imaginer ces milliers de mains au bout de bras noirs et décharnés, ces haillons, ces chars superbes, ces plumes et ces dorures, ces mains surtout qui s’agitent avec ces doigts dont l’agilité ferait crever de. jalousie Liszt lui-même. Au milieu de cette pluie de farine, de ces cris, de cette masse grouillante, nous nous sommes sentis enlevés par Altamura et presque portés jusqu’à son balcon. Là nous trouvons une quantité de dames… Et tous ces gens qui m’offrent à manPour comprendre notre siger, à boire, qui me sourient, qui sont aimables ! Je suis allée dans un salon à demi obscur, et là, drapée dans mon bédouin de la tête aux pieds, je me mis à verser des larmes, tout en admirant les plis antiques de la laine. J’étais très chagrinée, mais d’un chagrin quí fait plaisir. Comprenez-vous comme moi de la douceur dans le chagrin ? NAPLES.

— Lundi 26 février. Je continue mes

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