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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Il ne s’offensa pas, il lui suffisait de me voir si malheureuse que je n’en pouvais plus. Samedi 25 novembre.

Maman est si malade qu’on ne peut penser à l’emmener à Versailles. Nus amis nous vinrent prendre. J’étais habillée de blanc, comme toujours, mais j’avais un bonnet de velours noir qui dorait admirablement mes cheveux blonds. Il pleuvait. Nous étions déjà en wagon lorsque arriva un monsieur décoré, jeune encore. — Permettez, chère petite, dit la baronne, que je vous présente M. J. de L…, l’un des chefs du parti napoléonien.

Je m’inclinai, pendant que les autres présentations se faisaient autour de moi. Ce train de députés me rappella Ies trains du tir aux pigeons à Monaco ; seulement, au lieu des fusils on a des portefeuilles. MM. de L…, nous placèrent au premier rang, à droite, au-dessus des bonapartistes ; de sorte que nous étions juste en face des bancs républicains. La salle ou, du moins, le fauteuil du président, et la tribune me rappelèrent encore le tir aux pigeons. Seulement monsieur Grévy, au lieu de tenir la ficelle des cages, s’escrimait avec la sonnette, ce qui n’empécha point la gauche d’interrompre plusieurs fois l’excellent discours du garde des sceaux, monsieur Dufaure. C’est un honnète homme etil a bravement et savamment lutté contre les infamies des chiens républicains. 26 novembre.

Mon père est parti ! Depuis quatre mois, je respire enfin pour la première fois. — Maman m’a menée chez le doe. teur Fauvel, et ledit docteur m’a examiné la gorge avec son nouveau laryngoscope ; il m’a déclarée atteinte 28 novembre.

M. B. 31