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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

les déchirements, les larmes que Dieu m’envoie, je les bénis et je suis heureuse ! Au fait… je me suis tellement faite à l’idée d’étre malheureuse qu’en rentrant en moi-même, enfermée seule chez moi, loin du monde et des hommes, je me dis que je ne suis peut-étre pas trop å plaindre… Pourquoi pleurer alors ? Samedi 11 novembre. Ce matin å huit heures,

j’ai quitté Gavronze et non sans un tout léger sentiment, de regret ?.. non, mais d’habitude. Tous les domestiques sortirent dans la cour ; je donnai à tous de l’argent et à la femme de ménage un bracelet en or.

La neige fond, mais il en reste bien assez pour nous éclabousser durant le chemin et, malgré mon vif désir de rester la face découverte pour faire mes observations philosophiques comme M. Prudhomme, je me vis forcée par un vent inexorable à m’emmitoufler entièrement. J’entrai

droit chez l’oncle Alexandre, dont je vis le nom sur la planche, et il me raconta l’anecdote suivante

Un monsieur voyage avec un officier et se place dans le même wagon. On engage tant bien que mal une conversation sur la nouvelle loi concernant les chevaux. C’est vous, monsieur, qui êtes envoyé dans nótre district ? demande le monsieur au militaire. — Oui, monsieur.

Alors vous avez sans doute inscrit les chevaux isabelle de notre maréchal Bashkirtseff. | — Oui, c’est moi, monsieur. Et l’officier en détailla les qualités et les défauts. — Connaissez-vous Mlie Bashkirtseff ? 1. B.

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