Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 1.pdf/340

Cette page n’a pas encore été corrigée
337
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

roie autour de ma taille ; on me donne trois chiens en laisse.

La gelée, la neige, les chevaux et les têtes fines de lévriers me remplissaient de joie, je triomphais. Pacha, à cheval comme moi, était très aimable, ce qui lui va très mal et me déconcerte… Pourtant non, ses changements d’humeur ne sont pas à dédaigner. Pacha, il y a une personne qui me gêne horriblement (rassurez-vous, ce n’est pas ma tante T…) et cette personne je voudrais d’une manière polie l’exterminer. Bien

; disposez de moi.

Vraiment ?

Essayez. Parole d’honneur ? Et vous ne direz rien ? Parole d’honneur, rien à personne…. A cause de ces quelques mots, il existe à présent entre mọi et l’homme vert une sorte de lien. Nous avons à nous parler bas, en anglais, quand sa mère n’est pas là.

Pacha voulut continuer à faire l’aimable, je lui ai donné mes deux mains à baiser, une poésie de Victor. Hugo à lire, je le traite en frère, comme il est. Lundi 23 octobre. dans un coupé à six chevaux et nous partimes pour Poltava.

Hier, nous nous fourrâmes Le voyage fut gai. Les pleurs à l’heure de quitter le toit paternel provoquèrent un épanchement général, et Pacha s’écria qu’il était amoureux fou. Je jure que c’est vrai, s’écria-t-il ; mais je ne dirai pas de qui.

— Si vous n’êtes pas amoureux de moi, m’écriai-je, je vous maudis !

M. B. 29