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JOURNAL

Oh ! ohl fis-je. Très bien, dil sa mère, pendant que l’orateur farouche rougissait et s’anéantissait, confus de ses propres paroles.

Et au milieu de tout cela, je me regardais dans la glace et me coupais les cheveux, devenus trop longs, sur le front.

Tenez, dis-je à l’homme vert, en lui jetant une petite touffe de fils d’or roussis, je vous les donne pour souvenir.

Non seulement il les prit, mais sa voix, son regard. tremblèrent ; et comme je les lui voulus reprendre, il me regarda si drôlement, comme un enfant s’étant emparé d’un joujou qui lui semble un trésor. Je donnai à mon cousin à lire Corinne ; après quoi, il partit.

Corinne et lord Melvil traversent à pied le pont Saint-Ange… « C’est en passant sur ce pont, dit lord Melvil, qu’en retournant du Capitole j’ai pour la première fois longtemps pensé à vous. » Je ne sais vraiment ce qu’il y a dans cette phrase… mais elle m’a fait littéralement pâmer hier soir… D’ailleurs, c’est ainsi chaque fois que je la retrouve en ouvrant ce livre. Ne m’a-t-on pas dit quelque chose de semblable ? Ily a dans ces quelques mots tout simples quelque chose de magique, peut-être est-ce leur simplicité ? ou bien l’association ?… | A huit heures du matin, par un temps gris et la terre noire légèrement poudrée de neige comme la figure de Mme B….. ; nous sommes déjà.en chasse. Michel a amené sa meute de lévriers. A peine aux champs, je me mis à cheval sans me débarrasser de la pelisse que j’attachai avec une courVendredi 20 octobre.