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JOURNAL

mais au bout de cinq minutes j’étais très heureuse. Il

me conduisit, à son bras, devant les principaux tableaux et par tous les salons. La salle à manger est superbe. On me donna la place d’honneur à droite, à gauche le prince et mon père. Plus loin, plusieurs personnes qui ne furent pas présentées et qui vinrent humblement prendre leurs places : les tenanciers du moyen åge.

Tout allait à ravir, quand il m’arrive un malaise, la téte me tourne ; je me levai de table, et d’ailleurs on avait fini.

Entrée au salan mauresque, je m’aşsis et je me suis presque trouvée mal. On me montra les tableaux, les statuettes, le portrait du prince Basile et sa chemise tachée de sang, suspendue dans une armoire à laquelle le portrait sert de battant. On me mena voir les chevaux ; mais je ne voyais rien et nous důmes partir.

Samedi 14 octobre. — J’ai reçu des robes de Paris ; je me suis habillée et je suis sortie avec Paul. Poltava est une ville plus intéressante qu’on ne le pense. Il y a d’abord de remarquable la petite église de Pierre le Grand. Elle est en bois et on a fait pour la conserver un étui en briques ; entre cet étui et les murs de l’église, un homme peut passer librement. Tout à côlé de l’église se trouve la colonne dressée à l’endroit même où, après avoir gagné la bataille du juin 1709, l’empereur a daigné se reposer assis sur une pierre. La colonne est en bronze. J’entrai dans la vieille église de bois, je me mis à genoux et j’ai touché trois fois le plancher de mon front. On dit qu’en faisant ainsi dans une église où l’on