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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Kamenski ; un homme dont je ne sais pas le nom, mon père, Michel et Paul. Tout cela examinait les fusils, discutant sur les cartouches, prenant le thé, et échangeant des plaisanteries aussi plates que vulgaires. J’excepte mon père et nos deux jeunes gens. Je pris place avec mon père et nos deux fusils ; quatre voitures nous suivaient de près. Savez-vous comment se fait une battue au loup en Russie ? Et d’abord, excusez si je commets des barbarismes cynégétiques : je n’en sais pas le premier mot. Enfin, voici comment cela se fait : Depuis une semaine déjà la chasse est annoncée à la commune, au starosta ou bailli, afin de rassembler une quantité suffisante d’hommes ; mais, à cause d’une foire à Poltava, il n’en arriva que cent vingt. Il y a plus de deux cents hommes, et des filets furent tendus sur une étendue de six à huit kilomètres. Le prince Kotschoubey envoya ses filets, ne pouvant venir luimême au rendez-vous.

Je grelottais ; mon père nous rangea tous, sans distinction, de chaque côté du chemin, nous compta et nous partagea en deux sections : les armés, et les sans armes.

Il se trouva parmi les paysans une vingtaine de porte-fusils ; aux autres on distribua des piques, c’està dire de long’s bâtons, avec une fleur de lis en fer à l’extrémité, comme chez les anciens gaulois. Ces piques sont pour tuer lâchement la bête prise dans le filet. Les filets sont tendus de manière à ce que la bête chassée par les cris de ces hommes vienne s’y prendre, en passant premièrement devant les chasseurs qui sont embusqués en avant. Nous allons commencer. L’intendant polonais à X. B.

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