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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Dimanche 17 septembre. future célébrité, je chasse en GAVRONZI.

En attendant ma

d’homme, une gibecière suspendue au cou. Nous partimes, mon père, Paul, le prince et moi, vers deux heures, en char-à-bancs. Maintenant je me trouve à sec pour décrire, ne sachant ni le nom de… enfin toutes ces choses de chasse : — les ronces, les joncs, les herbes, le bois si épais qu’on y passait avec peine, les branches qui nous rossaient de tous les côtés, et un air délicieusement pur, pas de soleil et une petite pluie faite pour charmer les chasseurs… qui ont chaud. Nous avons marché, marché ; marché. Je fis le tour d’un petit lac, le fusil armé et prête à faire feu, espérant à chaque instant voir se lever un canard. Mais… rien ! Je me demandais déjà si je n’allais pas décharger mon fusil sur les lézards qui me sautaient par-dessus les pieds, ou contre Michel qui marchait derrière moi et dont je sentais les yeux fixés sur ma personne en costume masculin, avec les plus coupables pensées. J’ai trouvé le juste milieu, ce juste milieu que la France ne peut trouver : j’ai tué raide un corbeau qui perchait tout en haut d’un chêne, ne se doutant de rien, d’autant plus que mon père et Michel, couchés au milieu de la clairière, attiraient son attention. J’arrachai les plumes de sa queue et je m’en fis une aigrette.

Les autres n’ont pas même tiré une fois, ils ne faisaient que marcher.

Paul a tué une grive, et ce fut toute la chasse. costume