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JOURNAL

que lorsque le même cheur entonna l’hymne russe : Boje, zaria chrani ». Mais les prières pour l’Empereur, cela sembla fade après la prière pour ceux qui allaient mourir en défendant leurs frères. Et l’Empereur laisse faire les Turcs ! Dieu ! Le train partit au milieu de hourras frénétiques. Alors, je me retournai, et je vis Michel qui riait et entendis mon père qui criait : Dourak ! au lieu de hourra ! — — Papa, Michel, est-il possible, mais criez donc ! De quoi êtes —vous faits, bon Dieu ! Vous ne me dites pas adieu ? demanda Pacha raide et rouge.

Le train marchait déjà. — Au revoir, Pacha, dis-je en lui tendant la main, qu’il saisit et baisa sans rien dire. Michel fait le jaloux et l’amoureux. Je l’observe quand il me regarde pendant longtemps, puis jette son chapeau à terre et s’en va furieux. Je l’observe et je ris.

Me voilà encore à Poltava, cette ville détestable. Khark off m’est plus connue, j’y ai passé un an avant de partir pour Vienne. Je me souviens de toutes les rues, de tous les magasins ; cette après-midi, à la gare, j’ai reconnu un médecin qui avait soigné grand’maman et je vins lui parler.

1l s’étonna de me voir grande, quoique l’oncle Nicolas m’eût déjà nommée devant lui. J’ai envie de retourner là-bas. « Connais-tu le pays où fleurit l’oranger ? » Pas Nice, mais l’Italie. 15-3 septembre. — Ce matin, Paul Vendredi

m’amena le petit Etienne, le fils de l’oncle Alexandre. Je ne le reconnus pas, au premier moment. Je ne fis aucune attention au plus ou moins de plaisir cue