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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

— Le cheval était beau cette après-midi, mais l’écuyère le surpassait de beaucoup. m’encanailler, je leur Vous savez que j’adore parlais à tous et peu s’en fallait que je ne me misse à danser. Ah ! c’est que la danse de nos paysans soumis et naïfs en apparence, mais rusés comme des Italiens en réalité, leur danse est un vrai cancan parisien, et même un cancan très séditieux, pour ne pas dire autre chose. On ne lève pas les jambes jusqu’au nez, ce qui d’ailleurs est affreusement laid, mais l’homme et la femme tournent, se rapprochent l’un de l’autre, se poursuivent, et tout cela avec des gestes, de petits cris et des sourires qui font courir le frisson par le corps. Les filles dansent peu et très simplement. On leur donna à boire et, ayant quitté ces aimables sauvages, je voulus me coucher ; mais sur l’escalier je m’arrêtai comme l’autre soir, et Paul et les autres se groupèrent sur les marches. Chocoląt nous a chanté une chanson niçoise, à ma grande satisfaction. Après le chant vint la musique. J’ai tiré du violon les sons les plus incroyables, et ces sons aigus, sérieux, criards, entremêlés, me faisaient rire aux éclats, et mon rire avec ce furieux accompagnement faisait påmer les autres, même Chocolat.

J eudi 7 septembre (26 août). tous les jours d’une Petite Russienne consiste en une chemise en grosse toile, avec de larges manches bouffantes, brodées de rouge et de bleu ; et d’un morceau de drap noir fabriqué par les paysans, dont on s’enveloppe à partir de la ceinture. Ce fourreau est plus court que la chemise, dont on doit voir la broderie du Le costume de