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JOURNAL

Je fis le tour du gazon au pas ; Kapitanenko marchait à côté sur un autre cheval. Senlant les yeux de l’assistance braqués sur moi, je. revins près du perron rassurer ces gens ; mon père monta en cabriolet avec un des messieurs ; les autres prirent place dans la troïka du prince, et, suivie de ces deux équipages, je pris la grande allée. Je ne sais comment, mais tout simplement, je pris le galop, le petit, puis le grand, puis le trot et je revins vers les voitures ramasser les flatteries.

J’étais ravie, et mon visage pourpre semblait lancer du’feu comme les naseaux de mon cheval. J’étais radieuse

! Un cheval que l’on n’avait jamais

Le soir on tira un feu d’artifice, les maisons furent illuminées, et més chiffres de tous les côtés. Une musique villageoise et les paysans dansant sous le balcon. La table était préparée de l’autre côté de la maison, et nous traversâmes la foule des curieux. Mais c’est une vraie procession de l’église, dit une femme dans la foule, et voici le corps de NotreSeigneur. En

effet, nous étions éclairés par des flambeaux et Michel portait ma traine, et vous savez que l’on porte, le vendredi saint, une toile peinte représentant le corps de Jésus.

Michel faisait des exercices acrobatiques pendant que les garçons du village le regardaient avec stupéfaction, accrochés aux cordes et aux balançoires et semblant, dans la nuit, des pendus comme on en voit sur des gravures effacées et sinistres. Je fus entourée par ces braves gens ; j’ai tort de dire braves, car femmes et hommes faisaient les courtisans à ravir et me débitaient des compliments comme celui-ci, par exemple :

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