Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 1.pdf/306

Cette page n’a pas encore été corrigée
303
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

était absent et s’obstina à jouer sa seconde partie. Et au bout d’une demi-heure on s’en alla vers la maison avec des intentions perfides ; notamment, mon père, mọi et Paul, montâmes au haut du clocher par une échelle insensée et l’on sonna la cloche à incendie. Je sonnai de toutes mes forces. Je ne m’étais jamais trouvée si près des cloches ; si l’on essaye de parler pendant qu’elles sonnent on éprouve une espèce de terreur dans le premier instant, car il semble que les paroles meurent sur les lèvres comme dans un cauchemar. Enfin

tout cela n’était pas bien amusant et je fus bien heureuse de rentrer chez et nous eûmes un « longuissime » entretien. Mais j’étais énervée et au lieu de parler je pleurais tout le temps. Entre autres il me parla de M…., disant que sans doute maman me l’avait désigné comme un excellent parti, mais que lui ne ferait pas un pas pour arranger cela, attendu que M… n’était qu’un animal à argent. Je me hâtai de le rassurer. Et puis on parla de tout. Mon père essaya de faire un peu le rétif, je ne cédai pas d’une ligne et nous nous quittâmes admirablement bien. D’ailleurs, i a été, comme toujours depuis quelque temps, d’une délicatesse exquise, et puis il m’a dit de sa manière sèche et rude des choses si tendres qu’elles m’ont touchée. Je ne me gènai pas à l’endroit de sa sœur T… ; je dis mėme à mon père qu’elle le dominait et pouvais, à cause de cela, compter sur lui. Moi ! s’écria-t-il, ah ! non. D’ailleurs, de toutes mes sæurs, c’est celle que j’aime le moins. Sois tranquille, en te voyant ici, elle te flattera comme un chien et tu la verras à tes pieds. où mon père vint

je ne