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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

instant après, à table, il s’est étendu avec Alexandre sur la production des moutons. — J’aime mięux quand vous parlez bouquets que quand vous parlez moutons, Gritz I dit mon père. — — Ah ! papa, dis-je, ce sont les moutons qui donnent les bouquets.

Je n’avais. aucune arrière-pensée, mais chncun fit un mouvement, et je rougis jusqu’aux oreilles. Et puis le soir je désirai beaucoup qu’Alexandre vit que Gritz me fait la cour et je n’ai pas réussi ! L’imbécile ne quittait pas Michel. D’ailleurs il est bête et tout le monde le dit ici. J’ai voulu le défendre, mais ce soir, soit mauvaise humeur, soit conviction, je suis de l’avis de tout le monde. Quand ils furent partis pour la maison rouge, je me mis au piano et je versai sur les touches tout ce que je contenais d’ennui et d’irritation. Et à présent je vais m’endormir en rêvant au grand-duc Nicolas, ça m’amusera peut être.

La lune est fade ici, je l’ai regardée pendant qu’on tirait le canon. Mon père est parti pour. Kharkoff pour deux jours. Le canon est une de ses vanités ; il a neuf pièces et ce soir on a tiré, pendant que je regardais la lune.

Mardi 29 août (17 août). — J’entends hier Paul dire à l’oncle Alexandre en me désignant de l’eil : — Si tu savais, cher oncle ! Elle a bouleversé tout à Gavronzi ! Elle a refait papa à sa manière ! Tout s’incline ! En

vérité, ai-je fait tout cela ? Tant mieux1 Je suis endormie et ennuyée depuis ce matin. Je n’admets pas encore l’ennui par manque de distraction ou d’amusement, et lorsque je m’ennuie je cherche "****