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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Je dis que je suis un ange, pourvu que Dieu continue à être bon.

Ne riez pas de ma dévotion, il n’y a qu’à commencer pour trouver tout ridicule dans mon journal. Si je me mettais à me critiquer comme écrivain, j’y passerais ma vie.

Jeudi 24 août (12 août). —A neuf heures j’étais chez mon pėre. Je le trouvai en manches de chemise et ne pouvant parvenir à attacher sa cravate. Je la lui attachai en lui baisant le front. Les messieurs vinrent prendre le thé, Pacha aussi ; bier au soir il était absent et le domestique vint dire qu’il était « couché comme malade ». Les autres se sont moqués de ses prévenances d’ours pour moi, et il ressent si profondément la moindre des choses qu’on n’en tirait pas un mot ce matin. E… a fait venir pour m’amuser un jeu de quilles, un croquet et un microscope avec une collection de puces.

Il s’est produit une sorté de scandale ; d’ailleurs jugez-en. Paul a retiré de son’album la photographie d’une actrice très connue de mon père, et papa, s’apercevant de cela, retira son portrait. Pourquoi fais-tu cela ? demanda Paul tout étonné. Moi, parce que je crains que tu ne jettes aussi mes portraits.

Je ne fis aucune attention à cela, mais aujourd’hui, Paul, me prenant à part, me conduisit dans une chambre et me montra son album vide avec le portrait | de la femme seulement. — J’ai fait cela pour faire plaisir à mon père, mais j’ai dû retirer de l’album tous les autres portraits ; les voici d’ailleurs.