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JOURNAL

Je jouai. Le pauvre Kapilanenk) faisait des gestes désespérés pour empêcher Paul de bavarder. — Mon Dieu ! s’écriait le bonhomme, j’oublie en écoulant que je suis depuis six ans rouillé et moisi en province ! je revis !

Jenejouepas bien aujourd’hui ; je barbouille souvent ; cependant il y a des choses que je ne joue pas mal. Mais c’est égal, je savais bien que le pauvre Kapitanenko. était sincère et le plaisir que je lui procurai me fit plaisir.

Kapitanenko à ma gauche, Eristoff et Paul derrière, et Gritz, me regardant et m’écoutant avec une contetenance enchantée ; je ne voyais pas les autres. Quand j’eus fini « le Ruisseau », ils me baisèrent tous la main.

Papa, couché sur un canapé, clignait des yeux. La princesse travaillait sans rien dire. Mais c’est une bonne femme.

Je respire librement, je suis chez mon père qui est un des premiers du gouvernement, et je ne crains ni manque de respect, ni légèreté. A dix heures papa donna le signal du départ, en confiant à Paul les jeunes gens qui logent tous dans la maison rouge avec lui. Et j’ai dit à mon père : —-Voilà comment nous ferons quand je partirai pour l’étranger. Vous viendrez avec moi.

J’y songerai, oui, peut-être. J’étais satisfaite ; il se fit un silence, puis on parla d’autre chose et, quand il sortit, j’allai chez la princesse pour rester. un quart d’heure avec elle. J’ai dit à mon père d’inviter l’oncle Alexandre ici, et il lui a écrit une lettre très aimable. Que dites-vous de moi ?