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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

fils critiquaient toujours les actions des pères, et, une fois à leur place, faisaient comme eux, pour être a leur tour critiqués par leurs enfants. C’est parfaitement vrai, cela’, dit-il, mais mes, fils ne me critiqueront pas, car je ne me marierai jamais.

Et au bout d’un instant je repris : —Il n’y a pas encore eu de jeunes gens qui n’aient dit la même chose. Oui, mais moi ce n’est pas la même chose. Et pourquoi ?

Parce que j’ai vingt-deux ans et je n’ai encore jamais été amoureux, et aucune femme n’a attiré mes yeux.

C’est tout naturel ; jusqu’à cet åge on ne doit pas être amoureux.

Comment, et tous ces garçons qui aiment depuis quatorze ans ?

Tous ces amours-là n’ont aucun rapport avec l’amour.

Peut-êlre, mais je ne suis pas comme tout le monde, je suis emporté, je suis orgueilleux, c’est— àdire je parle de mon amour-propre, et puis… Mais tout cela, ce sont des qualités que.vous me citez…

Des bonnes ? Mais oui.

Puis je ne sais à propos de quoi il me dit que si sa mère mourait, il deviendrait fou. Oui… pour un an, et puis… Oh ! non je deviendrais fou, je le sais. Pour un an, car tout s’efface à force de voir des figures nouvelles. — Alors vous niez les sentiments éternels et la vertu ? — Positivement.