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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

clair, bien rasé, à l’air russe, carré, franc, sérieux, sympathique, mais taciturne ou bien préoccupé, je ne sais encore.

On m’attendait avec une curiosité immense. Mon père est ravi. Ma taille l’enchante ; l’homme vain est fier de me montrer.

Nous étions prêts, mais il fallait attendre les domestiques et le bagage pour que le cortège fût plus imposant. Un carrosse à quatre chevaux, une calèche et un droski à capote, attelé d’une troïka insensée au petit prince,

Mon genitor me regardait avec satisfaction et se tenait à quatre pour paraitre calme et même indifférent. D’ailleurs

il est dans son caractère de ne rien montrer de ses sentiments.

A moitié chemin, je montai dans le droski pour aller comme le vent. Au bout de vingt-cinq minutes nous avions fait dix verstes. Il restait encore deux verstes jusqu’à Gavronzi, et j’allai de nouveau avec mon père pour lui donner la satisfaction d’une entrée imposante. La princesse E… (belle-mère de Michel et seur de mon père) nous rencontra sur le perron. Hein ! fit mon père, comme elle est grande… et intéressante, n’est-ce pas vrai ? hein ? Il faut croire qu’il a été content de moi pour hasarder une pareille expansion devant une de ses seurs (mais celle-là est excellente). Un intendant et d’autres vinrent me féliciter de mon heureuse arrivée.

La propriélé est pittoresquement située : des collines, une rivière, des arbres, une belle maison et plusieurs petites. Tous les bâtiments tenus parfaitement, le jardin soigné ; d’ailleurs la maison a été refaite et remeu ! lée 1. B.

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